Les ballets, divertissements et comédies-ballets ont fait la fortune de Lully qui,
en 1670 se fait construire un hôtel particulier rue Neuve-des-Petits-Champs à Paris.
Mais le vent tourne, Louis XIV ne danse plus, ou beaucoup moins,
Lully doit inventer un genre nouveau pour divertir la Cour.

Sa dernière collaboration avec Molière est dans la création de Psyché,
tragédie-ballet en un prologue et cinq actes sur des vers libres de Corneille et de Quinault
que Lully met en musique, la première a lieu le 17 janvier 1671 dans la grande
Salle des Machines du Palais des Tuileries, le succès est immense,
cette tragédie-ballet annonce une nouvelle forme de divertissement
la tragédie en musique : l'opéra

En 1671, le poète et librettiste Pierre Perrin, obtient le privilège exclusif
de créer des opéras. Il choisit les meilleurs musiciens de la cour pour développer
le théâtre chanté en français, divertissement particulièrement innovant pour l'époque.
En mars 1671 le premier opéra Pomone, de Pierre Perrin
(1620-1675) et de l'organiste-compositeur
Robert Cambert
(1628-1677), est un succès éclatant. Le poète Charles Robinet décrit ainsi l'œuvre :

"Je l’ai vû cet opéra-là
Et je pensais n’avoir pas là
Suffisamment d’yeux et d’oreilles,
Pour toutes les rares merveilles
Que l’on y peut ouir et voir,
Et qu’à peine on peut concevoir."

Hélas Pierre Perrin ne connaît rien à la gestion des finances, ses difficultés financières
sont telles qu'il se retrouve en prison au mois de juin. Jean-Baptiste Lully avec l'accord
du roi, rachète à Pierre Perrin le privilège de l'Académie de Musique et de Poésie.
Le 13 mars 1672 Lully fonde l'Académie Royale de Musique,
le 29 mars 1672 il obtient le privilège d'interdire de faire chanter
des vers en musique sans son autorisation.

"....interdit à quiconque de faire chanter aucune pièce entière
en musique sans la permission du sieur Lulli."


Philippe Quinault
1635 - 1688
Poète, librettiste

Ainsi, dès 1672 commence une nouvelle ère de créativité pour Lully en collaboration avec le librettiste Philippe Quinault.

Si le tandem Molière/Lully a été fructueux et novateur dans
le domaine de la comédie-ballet, le nouveau tandem,
Quinault /Lully sera tout aussi fructueux et novateur dans
le domaine du théâtre chanté en français, qui deviendra
tragédie en musique pour aboutir à l'opéra à la française.

Le 17 février 1673 Molière meurt des suites d'un malaise lors de la représentation
de sa dernière pièce, Le Malade Imaginaire au Palais-Royal.

 

 

De 1673 jusqu'à sa mort, Jean-Baptiste crée un nouvel opéra chaque année.

Le 27 avril 1673 c'est la grande première de la tragédie en musique en un
prologue et cinq actes du tandem Quinault /Lully : Cadmus et Hermione,
présenté au Jeu de Paume du Bel-Air, près du Luxembourg.
Le succès est immédiat. Louis XIV, venu applaudir la tragédie, enthousiasmé,
offre alors à Lully la salle du Palais-Royal devenue disponible.

Jean-Baptiste se met à la création d'une nouvelle œuvre,
il s'agit de Alceste ou le Triomphe d'Alcide.
A la demande du roi, les répétitions ont lieu à Versailles, nombre
d'amateurs de cette nouvelle forme de divertissement
assistent aux répétitions dont Madame de Sévigné qui écrit :

" Le Roi a déclaré à Baptiste que s'il se trouvait à Paris au moment
des représentations, il irait l'entendre tous les soirs....
...Monsieur de la Rochefoucauld ne bouge plus de Versailles.
Le Roi le fait entrer et asseoir chez Mme de Montespan pour
entendre les répétitions d'un opéra qui passera tous les autres".

Alceste
Ouverture

Début 1674 c'est la grande première d'Alceste, le roi et sa cour
sont ravis, mais le succès de Lully et surtout ses privilèges lui
valent quelques ennemis dont la critique parait le lendemain :

"Dieu! Le bel opéra! Rien de plus pitoyable!
Cerbère y vient japper d'un aboi lamentable!
Oh! Quelle musique de chien!
Oh! Quelle musique du diable! "

12 janvier 1675, nouvelle production du
tandem Quinault /Lully : Thésée
tragédie en musique ornée d'entrées de ballet,
de machines et de changements de théâtre.

La première a lieu à Saint-Germain-en-Laye,
le nouvel opéra, comprenant cinq actes
et un prologue, restera au programme de l'Académie Royale de Musique durant un siècle.
Le style s'affirme, le mélange des genres
franco-italiens disparaît pour évoluer vers
une forme d'opéra à la française plus récitatif.

La personnalité tyrannique de Lully,
appelé le faquin de Florence a bien failli lui coûter la vie.
Henri Guichard un musicien rival, qui déteste Jean-Baptiste, tente de
le supprimer avec le procédé à la mode de l'époque : le poison.
Averti, Lully en appelle au roi, et Guichard est emprisonné sur le champ.

10 janvier 1676 c'est la création de Atys, présenté à Saint-Germain-en-Laye, appelé l'Opéra
du Roi car de tous les opéras de Lully, Atys est le préféré de Louis XIV. En outre, le
prologue évoque le départ et le retour de Louis XIV sur les champs de bataille.

Atys
"On dit que le Roi se reconnaît
dans cet Atys insensible à l'amour ;
que Cybèle ressemble fort à la Reine,
et Sangaride, à Mme de Maintenon."


Madame de Montespan
1640-1707

Avec Isis, le nouvel opéra créé le 5 janvier 1677 à
Saint-Germain-en-Laye, la collaboration entre Lully et Quinault
va subir les foudres de Madame de Montespan la favorite de Louis XIV. En effet, les rôles de tragédies en musique, dont le livret est élaboré
par Quinault, mettent en scènes les personnages de la cour, et le malheureux librettiste est accusé de faire allusion à la jalousie de
Madame de Montespan face à Madame de Ludre, sa rivale.

Ainsi, après Isis, Lully doit se passer de son librettiste favori pour
travailler avec le librettiste proposé par Madame de Montespan.

Le 6 septembre 1677 à Fontainebleau, Lully fait baptiser son fils aîné Louis (1664-1734),
dont Louis XIV est le parrain. A cette occasion, il compose son Te Deum.
Le lendemain la gazette Le Mercure Galant écrit :

"Toutes sortes d'instruments l'accompagnèrent, les timbales et les trompettes n'y furent point oubliées...
Ce qu'on admira particulièrement, c'est que chaque couplet était de différente musique.
Le Roy le trouva si beau qu'il voulut l'entendre plus d'une fois."

En 1678, Lully privé de Quinault va reprendre la tragédie-ballet Psyché créée en 1671.
Il fait appel à Thomas Corneille pour réécrire certaines parties,
la première a lieu le 19 avril 1678 sans grand succès.

Le 31 janvier 1679, Lully et Thomas Corneille créent Bellérophon au Palais-Royal.
Le succès est au rendez-vous et la critique élogieuse, bien que les textes attribués
à Thomas Corneille, soient en fait le fruit du travail d'une équipe de plusieurs poètes.
A la suite du succès de sa dernière création, Lully passe un contrat
avec l'imprimeur Ballard pour publier ses opéras.

Bellérophon
Acte II
Acte IV

Après deux ans de disgrâce, Quinault est réhabilité à la cour, Lully retrouve donc
son librettiste favori et crée Proserpine le 3 février 1680
à Saint-Germain-en-Laye.
Fabuleux succès, Madame de Sévigné écrit :
"L'opéra est au-dessus de tous les autres".

En 1681, Louis XIV accorde à Jean-Baptiste Lully les
lettres de noblesse et le titre de conseiller du roi.
Voilà bien du chemin parcouru par le petit marmiton
anobli et fortuné qui signera désormais avec la particule Monsieur de Lully

"Monsieur de Lully, escuyer, conseiller, Secrétaire du Roy, Maison, Couronne de France & de ses Finances, & Sur-Intendant de la Musique de sa Majesté."


J-B Lully
1632 - 1687

En 1682 le tandem Quinault /Lully crée Persée, tragédie lyrique en un prologue et cinq actes,
présentée en première au Palais-Royal le 18 avril 1682, à Versailles le 21 juin 1682
et pour la naissance du Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV ,
Lully offre au peuple parisien une représentation gratuite de Persée.

Le 9 janvier 1683 création de Phaéton à Versailles, présenté le 27 avril au Palais-Royal,
très apprécié des Parisiens il est surnommé l'opéra du peuple.

La reine Marie-Thérèse décède en 1683,
Lully écrit pour les funérailles de la reine son célèbre De profundis.
Louis XIV épouse secrètement la marquise de Maintenon,
en 1684 ce qui va modifier les habitudes de la cour envers ses divertissements.
La nouvelle épouse du roi, élevée au couvent des Ursulines,
chrétienne très pratiquante, influence Lully à composer de la musique religieuse.

Le 18 janvier 1684 le tandem Quinault /Lully crée Amadis au Palais-Royal

Amidis
Marche

Le 17 août 1684
Louis XIV publie une ordonnance confirmant
les privilèges
accordés à Lully,
Ordonnance du 17 août 1684
en particulier le privilège d'interdire de faire chanter
des vers en musique
sans son autorisation.

Le 8 janvier 1685 le tandem Quinault /Lully crée Roland à Versailles.

Mais le roi ne supporte plus la vie de débauche de son Intendant de la Musique
il n'assiste plus aux créations de Lully

Le 15 février 1686 le tandem Quinault /Lully crée Armide inspiré de "La Jérusalem Délivrée" du Tasse.
C'est la dernière création du tandem, elle est considérée comme leur plus grand chef d'œuvre.
Louis XIV n'assistera à aucune répétition ni représentation malgré la dédicace de Lully :

"Sire, de toutes les tragédies que j'ay mises en musique voicy celle dont le Public a tesmoigné
estre le plus satisfait: c'est un spectacle où l'on court en foule, et jusqu'icy on n'en a point veu qui
ait receu plus d'applaudissements; cependant,c'est de tous les ouvrages que j'ay faits celuy que
j'estime le moins heureux, puisqu'il n'a pas encore eû l'avantage de paroistre devant Vostre Majesté...
J'avouray que les louanges de tout Paris ne me suffisent pas; ce n'est qu'à Vous,
Sire, que je veux consacrer toutes les productions de mon génie."

Armide
Ouverture
Rondo
Acte II

En 1686 Louis XIV tombe malade et doit subir une opération.
Pour célébrer la guérison du roi, Lully rassemble près de cinq cents musiciens et choristes
à l'église des Feuillants de la rue Saint-Honoré à Paris pour diriger le Te Deum composé en 1677.
En marquant la mesure il se frappe le pied avec une lourde canne,
quelques mois plus tard, il meurt de la gangrène le 22 mars 1687,
laissant une immense fortune à sa femme et ses six enfants.

Le peuple parisien pleure la perte de son compositeur :

Baptiste est mort!
Adieu la symphonie,
La musique est finie!
Déplorons son sort.

Même Louis XIV fâché contre la vie dissolue de son compositeur
dira à Destouches en 1697, dix ans après la mort de Lully :

"...depuis Lully aucune musique ne lui avait fait tant de plaisir que la sienne".

 

 


LES  ŒUVRES  PRINCIPALES  DE  SON  HÉRITAGE

OPÉRAS
13 opéras

BALLETS
15 ballets
15 œuvres de scènes

MUSIQUE INSTRUMENTALE
Suites de symphonies
Danses

Ouvertures

MUSIQUE RELIGIEUSE
Motets
Te Deum

De Profundis


 

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